Morceaux choisis
L'école de Confucius
 
P99

Il y a communication mais elle ne se situe pas sur le plan discursif. Il s'agit, bien sûr, de tout autre chose que du simple échange phatique de mots vides ou dévalués, dont nous sommes coutumiers. Confucius tente de nouer une relation intime e profonde avec autrui, en instaurant un rapport grâce à la charge émotive du langage qui fonctionne alors comme chant ou poème. Se déployant sur le plan essentiellement interjectif, il vise à agir sur l'esprit de l'interlocuteur, à produire sur lui un effet incitatif. C'est pourquoi souvent le verbe de Confucius ressort-il à peine au domaine du langage ; il serait plutôt de l'ordre du cri.

 
P149

"L'eau est comme la vertu : elle fait bénéficier tous les êtres vivants de ses bienfaits sans avoir à agir ; elle est comme la justice : elle coule vers le bas, tantôt tout droit tantôt en méandres, se conformant à l'ordre de la nature. Elle est comme le Tao, immense, inépuisable, jamais elle ne tarit. Elle est comme la vaillance, si elle rencontre un obstacle, elle le franchit et se précipite en grondant sans la moindre crainte au fond de gorges vertigineuses. Elle est l'image de la loi puisque son niveau est toujours le même dans des vases communiquants ; elle est l'image de la rectitude, puisque sa surface est toujours plane quelle que soit la quantité versée ; elle est l'image de la perspicacité puisqu'elle s'insinue partout en raison de sa fluidité ; elle est l'image de l'action civilisatrice, puisque d'y être immergés, les êtres et les choses s'en trouvent lavés et régénérés. Enfin elle donne l'exemple de la persévérance parce qu'il n'est rivière, quelles que soient les courbes qu'elle décrit, qui ne coule vers l'est. C'est pourquoi l'homme de bien doit, chaque fois qu'il rencontre un vaste cours d'eau, s'arrêter pour le contempler."

Confucius

 
P202

"Le tir à l'arc est la voie des rapports humains. C'est en lui même que l'archer cherche la rectitude de son tir. Ce n'est qu'une fois celle-ci trouvée qu'il décoche la flèche. S'il tire et manque la cible, il ne doit pas s'en prendre à son vainqueur. Il doit simplement faire retour sur lui même" ... "L'archer présente un point de ressemblance avec le sage : quand la flèche rate la cible, il en cherche la cause en lui même."