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Dieu que la résistance était jolie ... Des écrivains et des artistes continuent de réclamer l'interdiction du congrès, estimant que celui-ci "fait d'une ville qui fut le symbole de l'Europe démocratique une tribune pour ses fossoyeurs". A observer la joyeuse atmosphère qui règne dans la cité, on a pourtant le sentiment que tous ceux qui s'activent sont enchantés de l'occasion qui leur est offerte de donner en spectacle "la honte" de leur ville, et par contraste leur propre élévation d'âme. Le chercheur Philippe Breton demande que soit redéfini un espace publique démocratique où les idées et les méthodes du FN n'auront plus "d'une manière ou d'une autre, définitivement leur place". La proposition ne manque pas d'intérêt. Encore faudrait-il expliquer comment on définira et qui définira les idées qui auront droit de cité, puisque le suffrage universel ne saurait être un critère. Ou alors, cet appel à l'exclusion, méthode qui n'est guère démocratique, ne serait-il que le symptôme d'une impuissance résignée ? |
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A Ras l'Front ou ailleurs, l'antifascisme peut aussi donner du sens à la vie d'un adolescent. Du "Manifeste", plutôt socialiste, au SCALP, plutôt "anar", toutes ces officines se disputent cet être mythique et censément régénérateur qu'est le "jeune". Aussi les dirigeants aiment-ils flatter le sentiment identitaire d'adolescents qui, de leur côté, sont ravis d'entendre proclamer que "la jeunesse" est le dernier pôle résistant, le seul espoir d'une génération fatiguée. Et les médias, on le sait, aiment détecter des symptômes générationnels et célébrer les vertus juvéniles propres à rajeunir leur lectorat et à satisfaire leurs annonceurs. |
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Aux armes, mitoyens ! On ne mesure sans doute pas toutes les conséquences de ce retournement qui fait des censurés d'hier les censeurs d'aujourd'hui. En effet, hier, il fallait arracher la liberté aux puissances qu'étaient l'Eglise ou le monarque. Or, les médias qui furent, logiquement, en pointe dans ce combat, ont progressivement confisqué à leur profit le droit de dire le Bien, instaurant un nouveau type de censure, "à la source, bien plus efficace que l'ancien. La dfémocratie véritable peut, à la limite, s'accomoder d'une telle situation, lorsque le pluralisme est la règle. Seulement, plus le nombre des médias se multiplie, plus leur "indépendance" s'accroît, plus ils pensent et proclament tous la même chose. |