Seule dans le vent des Glaces
Laurence de la Ferrière, Robert Laffont 2000
Au petit matin, elle est là en face de moi, toute souriante et ingénue. La personne qui m'accompagne jubile, lui fait signer un autographe. Elle parle, présente son aventure. Moi qui ne supporte pas le froid et le vent, je pense qu'il faut vraiment avoir une araignée dans le plafond pour partir ainsi subir une épreuve physique sans commune mesure, subir la morsure du froid.
Et pourtant en l'écoutant parler de ce qu'elle a ressenti je me laisse petit à petit prendre au jeu. J'ai une envie de partir dans le froid sec, sur la glace qui commence à naître. Elle a su faire naître en moi le désir de vivre ce qu'elle a pu ressentir. Bien que je sois tombé dans le piège de sa passion, non véritablement, je ne peux pas. Il est clair que sa voie n'est pas la mienne. Nous n'avons pas le même karma. Et pourtant, et pourtant ...
Petit bonhomme de femme étonnante. La voir ainsi en face de moi j'ai du mal à appréhender la volonté de fer qu'il faut pour survivre dans un tel environnement. Une partie du travail consiste à se libérer des carcans qui nous enferment pour ne faire plus qu'un avec son environnement. Ainsi fondu nous devenons à la fois espace et temps et nous évoluons de concert avec lui.
Son livre n'est pas une oeuvre majeure de la littérature, loin de là. Par contre elle narre sur quelques 200 pages son périple qui l'a amené du Pôle Sud à la base française Dumont d'Urville. Plus qu'une exploratrice Laurence de la Ferrière est une pionnière repoussant sans cesse les limites que nous nous sommes fixées. Au cours de la lecture de ce journal de bord, nous découvrons son intimité d'exploratrice, de femme et de mère. Elle semble même montrer un intérêt grandissant pour le parachutisme et parle de saut sans oxygène. Après l'Himalaya, l'Antarctique, que nous réserve-t-elle ?