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De l'analogie, Business School, Marginalité, Travail & sens

De l'analogie

En France l'entreprise a toujours été friante d'analogies. Celles-ci ont souvent leurs limites mais écartant une quelconque prudence nos philosophes-patrons jouent des ces emprunts pensant qu'ils ont trouvé une justification à une quelconque décision. Le vocabulaire de l'entreprise s'est fortement insipiré de celui du sport qui tirait ces propres racines dans celui de l'armée. Nos managers en goguette se sont un jour découvert un vocabulaire commum avec la chose militaire et par conséquent se sont très vite intéréssés à la stratégie militaire : Sun Tzu et Clausewitz.

Carl von Clausewitz était contemporain de Napoléon. Lecteur assidu de Montesquieu, il laissa une étude inachevée sur le " Phénomène guerre ". " De la Guerre ", volumineux ouvrage d'érudition, recoupe à la fois des notions de philosophie (activités humaines), d'économie, de diplomatie, ....

Mal interprété dès ses premières publications, il influencera fortement l'ensemble des stratégies militaires mondiales, de l'après-Napoléon à la seconde guerre mondiale.
Les Prussiens n'en ont retenu qu'une justification de la réorganisation de leur armée. Les Français un moyen de développer une stratégie défensive. Les nazis uniquement le concept de " guerre à but absolu ", en détachant ses implications du politique.
De l'état major français en 14-18 à Mao, chacun a cherché dans " De la Guerre " une raison à sa stratégie.

Selon l'époque, la pensée de Clausewitz fut réduite à des concepts simples. Il y a eu la " stratégie de la défense ", " la guerre à but absolu " et, pour finir, " la guerre est la continuation du politique ". Aujourd'hui, Clausewitz se voit engoncé dans des problématiques liées à des théories probabilistes et chaotiques.
Nous comprenons aisément que l'interprétation de " De la Guerre " est le reflet d'une époque.

Aujourd'hui, notre époque est à la chose économique. L'entreprise omniprésente a développé son vocabulaire autour de notions militaires : les cadres, le staff, les lignes, les conquêtes, les campagnes, l'allocation et la mobilisation, la logistique, ...
Trop habitués à manier ce type de vocabulaire, de faux gourous ont saisi cette analogie trop évidente afin d'appliquer à l'entreprise des traités de stratégie militaire. Clausewitz, le plus mal interprété, a été choisi. Après tout, heureusement peut-être... nous avons ainsi échappé à la stratégie de la dissuasion nucléaire !

Pourtant, cette analogie s'arrête là. La guerre reste un acte de violence dont le but est de contraindre son adversaire à exécuter notre volonté. Clausewitz nous dit ce que doit être la guerre et non ce qu'elle est.
Si nous appliquions ses recommandations à l'entreprise, il est certain que le remède tuerait illico presto le malade.
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Nous aurions une entreprise bien armée mais attentiste sur son marché. L'ensemble de ses ressources serait alloué à un projet unique car la frappe se doit d'être massive. L'innovation, au niveau des produits, ne serait pas déterminante. De plus, les salariés ayant un impressionnant degré d'obéissance, réunis sous forme de " milice ", iraient harceler le concurrent : fouilles des poubelles, marketing viral afin de dénigrer l'adversaire, campagne de boycottage, achat systématique de vos produits. Early adopters, ils seraient le fer de lance d'une politique d'intoxication.

Vous souriez... Pourtant, aujourd'hui enseigné dans les business schools, Clausewitz sera appliqué demain en entreprise. Pour quel résultat ?

 

Business School

J'ai visité, en juin 2002, une Business School. Non pas une pauvre ESC de province, mais une vraie Business School; en réalité une école en cours de mutation souhaitant se placer dans la liste des Business Schools les plus reconnues... Ce premier contact a été, après quelques heures de réflexions, totalement irréaliste (en dehors du réel). Déjà la conception d'un enseignement utilitariste m'a toujours laissé dans l'expectative car les deux sont, à mon sens, antinomiques, ensuite ce que j'ai découvert n'était qu'esbroufe.

La totalité de l'école connectée en wifi (cela fait de belles photos, pour la plaquette promotionnelle, d'élèves en amphi avec des ordinateurs portables), une salle des marchés en temps réel (un partenariat avec Reuters), un enseignement à distance on-line, des partenariats avec l'étranger, des équipes de chercheurs (en business je ne sais pas trop ce que cela veut dire mais c'est le nom qu'ils se sont donnés), un labo de langue ultramoderne, des fortes implications dans le monde de l'entreprise, etc. ... impressionnant ? On ne peut répondre que par l'affirmative et nous sommes tous conscients qu'une école avec un tel niveau d'exigence ne peut offrir que des services d'une qualité supérieure au futur élève ou à l'entreprise souhaitant envoyé un salarié en formation.

Mais à quoi servent ces beaux outils, quel est l'enjeu, quels sont les objectifs de l'école ? Je vous arrête de suite se n'est nullement la formation ou l'enseignement, l'enjeu est à deux niveaux : premièrement l'image de l'école (nous ne dépassons pas le paraître) et deuxièmement le recrutement des élèves (avec des objectifs d'internationalisation des programmes en réceptif mais aussi en session à l'étranger). Et quand on regarde à la loupe des enjeux et objectifs, l'esbroufe, la lecture en est différente.

Wifi : excepté le câblage, en terme pratique la connexion sans fil ne sert rien. Effectivement nous pouvons avoir des images d'épinal avec des élèves dans les couloirs entrain de travailler (bonjour le calme !!) ou en amphi, effectivement nous avons une belle bibliothèque où l'élève connecté peut travailler à loisir. Mais le retour sur investissement est-il si évident mise à part l'image d'une école moderne et high tech ?

Salle des marchés : une vraie salle comme les vrais traders mais avec l'impossibilité de passer des ordres. Dans ce cas à quoi sert la salle ? A la formation. Un fichier Excel aurait certainement suffit. Surtout que j'en déjà vu des costauds pour des analyses de cours de bourse.

Enseignement on-line : Youpi Houah tout le monde est content avec le e-learning qui va changer ceci ou cela. Je vous conseille la lecture de cet article de David F Noble dans le Monde Diplomatique sur les espoirs et la déconfiture de l'enseignement à distance au début du siècle dernier.

L'étranger : c'est la bien la première fois où on cherche des étrangers à tout prix. "Il nous faut des élèves étrangers" est la priorité number One. Nos chères régions de France nous avaient plus habitué à les chasser qu'à les élever, mais cela fait tellement bien d'avoir plein d'étudiants étrangers. Si on pouvait acheter des silhouettes en carton d'élèves étrangers, je pense qu'il y a un marché en devenir. Pourquoi pas la location aussi ?

Les chercheurs : on ne parle pas de recherche mais de chercheurs (je vous laisse apprécier ce mot d'esprit). Ils n'ont qu'un seul but : la publication. Si une école publie dans une publication First-Class, elle gagne en renommée, si elle gagne en renommée elle gagne en recrutement.

Et afin d'habiller le tout : la marque. L'école a changé de nom afin de s'habiller d'une marque. Il lui manque une chose encore, ceux sont les stars. Le gourou enseignant est une valeur sûre.

Le plus attristant dans cette présentation, c'est que s'est réel, il n'y a aucune exagération. Je ne dénonce même pas un système car le cercle vicieux dans lequel sont entrées les écoles est connu et chaque acteur en a conscience. Le fond n'est plus, l'enseignement n'est plus (la transmission du savoir). Et au final, nous retrouverons dans quelques années des lourdauds sans éducation occupant le middle management qui viendront nous faire la leçon sur le savoir être et le maniement d'Excel car leur diplôme sera estampillé d'une marque.

Pour replacer dans un contexte plus global, je vous recommande la lecture de cet article de Ibrahim Warde.

 

De l'analogie, Business School, Marginalité, Travail & sens

 

Normalité et marginalité

Au contraire des PME, les grosses entreprises sont des machines à normaliser l'individu, sa pensée et sa philosophie de vie, ses habitudes vestimentaires et ses faits et gestes. Lieu de pouvoir ces méga-organisations sont depuis longtemps le sujet d'étude de sociologues et l'aquarium rêvé de quiconque fait de l'anthropologie politique. Pourtant ces jeux de pouvoir qui ébranlent ces structures sont le terreau qui nourrira l'abre de la déchéance d'une organisation.

Les analogies sont pour moi, non pas une richesse d'idée, mais plutôt un moyen puissant de faire passer des idées clairement et de façon frapante. Par exemple dans ce cas précis, si nous prenions la respiration chez les êtres vivants, celle-ci est à la fois riche en enseignement mais permet de faire passer un message d'une façon claire et limpide.

Afin de simplifier, on peut affirmer que la respiration est la fonction vitale par excellence. En effet, sa finalité est d'assurer la production d'énergie afin de permettre la vie.
Ainsi, chaque cellule possède en son sein une véritable centrale énergétique : la mitochondrie. Cet organite très particulier possède sa propre membrane, son propre matériel génétique : entièrement autonome d'une certaine façon.
Pour la cellule, la mitochondrie a une importance fondamentale, aussi bien dans la fonction respiratoire que dans la conservation de l'énergie.

Au final la cellule, de tout être vivant, se retrouve totalement dépendante de cet organite qui, pourtant, est un hôte externe.

A l'origine, tout laisse penser qu'un accident de l'évolution a permis à cette bactérie d'être phagocytée et intégrée totalement dans le système de fonctionnement de la cellule. Par la suite, un long processus de symbiose s'est mis en place au cours de l'évolution. Cette endosymbiose est telle qu'aujourd'hui il est inimaginable qu'une cellule puisse survivre si elle se retrouve dépossédée de ses mitochondries.

Au delà des spéculations évolutionnistes sur l'origine de la bactérie et de son évolution génomique, cette endosymbiose pose, dès son origine, des problèmes de coopération entre la cellule et son hôte.
La première problématique liée à son intégration n'est pas près d'être résolue. Dans un deuxième temps, la cellule a dû développer une stratégie de coopération afin d'accueillir définitivement cet organite étranger.

Cette coopération peut être modélisée par l'intermédiaire d'un algorithme symbiotique. Celui-ci se caractérise par trois composants : la structure, la fonction d'évaluation et, en dernier lieu, la loi d'interaction.
La loi d'interaction régit les relations endosymbiotiques entre les organismes et permet de définir la fonction d'évaluation (ou fitness). Plus un organisme possède une valeur de fitness élevée, plus il sera résistant à l'invasion d'autres organismes. A contrario, cet organisme à fitness élevé doit développer une stratégie afin de conserver ses symbiotes.

L'algorithme symbiotique fait apparaître clairement que la hiérarchie organique est capable d'adopter des configurations dans lesquelles apparaissent des sous-structures décrivant des solutions optimales. Ainsi, mitochondries et cellules ont su coopérer et évoluer ensemble pour donner finalement naissance à des organismes complexes. Il est clair que cette coopération est un des facteurs clefs de l'évolution.

L'analogie nous fait ainsi pressentir que plus l'entreprise devient complexe dans son organisation et son fonctionnement, plus elle a intérêt à accueillir en son sein des entités totalement indépendantes, même si ces dernières assurent des fonctions vitales. En revanche, l'interaction mise en place doit être très forte.
De même, l'entreprise, en plus d'interagir et de favoriser ces entités, doit lutter contre sa propre inertie. Celle-ci aura tendance à tout faire pour exclure l'hôte afin de préserver ainsi son intégrité.

Alors que l'organisation par le jeu du pouvoir est une machine à normaliser, seules les entités qui fonctionnent hors de ces luttes de pouvoir assureront la pérénnité de la structure. N'est-ce pas étrange ? Et pourtant combien de fois fait-on appel à des consultants pour faire dire quelque chose sans risquer sa carrière ? Et pourtant combien de projets abandonnés car pas assez politique vis à vis de l'organisation ? Combien d'argent englouti en salaire afin que les gens se taisent ?

Les tours de la Défense ne seront, peut être, que les futurs cimetières de ces empires trop politiques.

 

De l'analogie, Business School, Marginalité, Travail & sens

 

Travail et sens

Au fil du temps nous avons le sentiment que notre quotidien s'améliore. La sécurité, la santé, le confort dans lequel nous vivons (nous prélassons pour certains) nous laissent penser que notre condition depuis la naissance de l'homme s'est grandement améliorée. Nous sommes, même près, à affirmer que notre situation, notre développement intellectuel, nos relations aux autres ont aussi gagné en qualité.

La clef de voute de ce succès, sorte d'arme suprême, le moteur de cette amélioration, cette dynamique civilisationnelle tient en un seul mot : le travail. Nos sociétés se sont lancées à corps perdu dans cette course au travail qui est devenu le fondement de nos systèmes de représentation.

Alors qu'au XIIième les rapports humains se monétirisaient ; le courage et l'honneur laissant place à de l'argent sonnant et trébuchant, la révolution industrielle accéléra le processus et ce formidable bon décomposa le corps social. Au final la relation que l'on peut entreprenir avec le reste de la société ne se base plus que sur des rapports mercantiles, où l'homme perd pied avec la réalité.

Les grandes lois économiques sont là pour nous expliquer le bien fondé des échanges, etc ... mais aujourd'hui quelqu'un travaillant dans un groupe bancaire est dans l'impossiblité de donner un sens à ce qu'il fait, s'il ne travaille pas dans une agence. Je n'en veux pas au système bancaire, mais cadre dans une banque d'investissement quel sens puis-je donner à ma vie : aucun semble-t-il. D'où peut être un besoin de pouvoir donner du sens, un besoin d'avoir un corpus de valeur. Mon cadre veut que son entreprise ait des valeurs car lui n'en a plus, alors que, étrangement, chaque chose a maintenant une valeur (tout du moins vénale). Le travail doit maintenant avoir du sens, car ne nous le cachons pas il ne sert à rien. Qu'apporte le travail en terme d'éveil, en terme de progrès pour notre cadre : rien.

La machine arrive à une limite et s'emballe. A quoi cela sert de travailler ? En quoi, aujourd'hui, le travail concourt-il à l'élévation de l'homme ? Le prix a payé, santé et sécurité contre la recherche du dao n'est-il pas un prix exhorbitant ?

 
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