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Chauve-souris, Dragon, Drapeau coréen, Tigre

 

Chauve-souris

La Chine a toujours aimé se jouer des mots et des homonymes, des jeux de mots et des symboles. L'écriture s'y prête avec délice et, dans certains cas, donne naissance à d'étonnants rapprochements.

En effet, la Chauve-souris ("bianfu") du fait d'une analogie phonétique avec Bonheur ("fu") fut fréquemment utilisée en lieu et place du mot Bonheur. De plus ce jeu de mot recèle un des principes majeurs de la philosophe chinoise : le bonheur possède en lui la racine du malheur et vice versa. La fable du "Cheval Chinois" en est le plus parfait exemple.

Sous la dynastie des Ming (1360-1644 après J.C.), la chauve-souris devint un symbole de chance et de longue vie. Elle gagna ainsi ses lettres de noblesse de façon inattendue.

Groupées par trois, elles symbolisent les trois bonheurs : Bonheur, Richesse et Longévité. Elle est associée par les taoïstes à la Longévité car elle vit dans les grottes, lieu de passage vers le domaine des Immortels. De même elle se tient la tête en bas pour "nourrir le principe vital" qui est un excercice taoïste pour "fortifier le cerveau".

Cinq chauves-souris représentent les cinq biens précieux que sont le grand âge, la richesse, la santé, l'amour de la vertu et la mort naturelle. Wufu Pengshou est un motif où cinq chauves-souris entourent le caractère chinois « shou » (longévité). Ce motif symbolise le fait que l'on possède à la fois bonheur et longévité.

A partir du XVIIe siècle, surtout au milieu et à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911) le motif se popularise fortement. Son utilisation s’est propagée dans la construction, le textile, la broderie, la peinture, la porcelaine, la gravure sur bois et sur brique.

 
On peut trouver des motifs uniques de chauves-souris ou des chauves-souris combinées avec d’autres motifs de bon augure. Par exemple, plusieurs motifs de chauves-souris et de pêches symbolisent des vœux de bonheur et de longévité accrue ou comme le cerf ("lu") est homonyme du traitement monétaire "lu", le motif composé d’un cerf et d’une chauve-souris signifie que le bonheur et la richesse viennent en même temps.
 

Au delà des traitements artistiques, la peinture permet d'audacieuses analogies.

Ainsi, le style "peinture d'anniversaire" devient le théâtre de ces jeux de mots.

Ici la chauve-souris fait référence en terme de symbolisme au bonheur, mais le mot vase est aussi un homonyme de paix ("ping"). La métaphore devient donc évidente : paix et bonheur.

On retrouvera la même symbolique liée à la chauve-souris dans les pays sinisés comme le Japon, la Corée ou le Vietnam.

Ding Guanpeng (18e siècle), Cinq bénédictions et l’étoile de la fortune, encre et couleurs sur papier, 114 x 57 cm.
 

Dragon

Très tôt la mythologie chinoise se gagne un compagnon fabuleux : le dragon. Symbole de la puissance impériale, le dragon fait oeuvre de bien si aucun impudent ne l'a dérangé sans raison. Il est le symbole de la fécondité car maître de la pluie bienfaisante.

On en dénombre trois catégories.

Le dragons céleste (le plus plus puissant) transmet à l'empereur la force cosmique qui lui permettra de régner et permettra à la vie de se développer de façon harmonieuse. Si l'empereur agit dans un sens contraire à l'ordre cosmique, le dragon céleste lui retire le mandat du ciel. C'est à l'époque de l'antiquité que les Chou, afin de justifier leur conquête sur les Shang, introduisirent cette notion de décret du Ciel.

Selon les illustrateurs, le dragon céleste peut prendre différentes formes. Le dragon type aura un corps de reptile recouvert de 81 écailles (9x9) de poissons. La tête en forme de tête de chameau porte des bois de cerf. Quatre pattes de tigre se terminent par des griffes de faucon. Si le dragon est de nature impériale, il possédait cinq griffes, ensuite selon le rang dans la société, le dragon avait quatre ou trois griffes. Les pays vassaux (Corée, Japon) avaient, pour la Corée, un dragon à quatre griffes et pour le Japon, à trois griffes.

Le dragon céleste est souvent représenté avec une perle (zhu) qu'il tient soit dans sa bouche, soit entre ses griffes. Cette perle est un symbole de puissance et de gloire. Si celle-ci représente le Yin et le Yang, le dragon est d'inspiration taoïste. Symbole du Trésor englouti, joyau merveilleux bouddhique ou simplement rubis, nul ne connaît la véritable signification de cette perle.

La couleur jaune pour un dragon est réservée à l'empereur.

Les dragons aquatiques veillent sur des trésors cachés au fond des mers. Rois-dragons, ils règnent chacun sur une des quatre mers des quatre orients. Si le pêcheur relâche un de ses sujets pris dans ses filets, le Roi-dragon sait souvent se montrer généreux. De nombreux contes et histoires mettent en scènes des aventures merveilleuses où d'intrépides héros vont explorer des palais engloutis qui regorgent de trésors.

Les dragons des grottes et des cavernes.

 
Chauve-souris, Dragon, Drapeau coréen, Tigre
 

Drapeau coréen

Récent, le drapeau coréen est néanmoins porteur d'une identité très forte. Il fut le symbole de l'indépendance de la nation vis à vis de l'occupant japonais ou la défense du pays contre le communisme lors de la guerre de Corée. On peut aisément comprendre qu'aujourd'hui ce drapeau porte en lui une lourde charge affective et qu'il représente la fierté de tout coréen.

Pourtant paradoxalement jusqu'à la fin du XIXième siècle les coréens n'ont jamais prêté d'importance à une bannière nationale. Entre 1875-1882 pour certains une altercation avec le Japon, pour d'autres à la faveur d'une délégation envoyée au Japon, il est apparu du fait de la montée des revendications japonaises important de créer une bannière nationale.

La Chine sollicitée par le roi coréen Gojong en 1875 proposa que la Corée adopte un drapeau avec un dragon à quatre griffes sur fond bleu, suivant ainsi le modèle chinois (dragon à cinq griffes sur fond rouge). Au final en 1882 un groupe de travail plancha sur la question et c'est le chinois Ma Chien-chung qui proposa d'utiliser la spirale du Yin et du Yang (en utilisant le rouge - couleur du roi - et le bleu - couleur des sujets -) et huit combinaisons du Yi Qing (8 étant le nombre de provinces coréennes).

La même année fut envoyée une mission diplomatique au Japon dirigée par Park Yeong-hyo. Au cours du voyage Park montra au commandant du vaisseau anglais, James, le projet de drapeau. Celui-ci le trouva trop compliqué. Park prit de ne conserver que quatre trigrammes. C'est au cours de cette mission que fut utilisé pour la première fois le Taeguki (ou selon votre système de retranscription préférée : Taegeugki).

 
Au centre se trouve le Taeguk (Tai Chi en chinois) qui résume un pan entier de la philosophie chinoise basée sur le Yin et le Yang et tous les principes contraires : nuit/jour, homme/femme, eau/feu, dynamique/statique ... abordant cette dualité du cosmos mais aussi cette harmonie des contraires. La partie supérieure (rouge) est le Yang et la partie inférieure (bleu) le Yin. La spirale évoque le mouvement perpétuel.

Quatre trigrammes au total qui en partant du coin supérieur gauche sont le ciel (Kun), l'eau (Kam), la terre (Kon) et dans le coin gauche inférieur, le feu (Yi).

Ciel (3 traits) et terre (6 traits) sont sur la même diagonale et donc opposés, de même que eau (5 traits) et feu (4 traits).

Le fond blanc reprend une symbolique pacifiste. Le drapeau au final représente le développement éternel de l'idéal en harmonie avec l'univers.
 
Symbole de l'identité coréenne, ce drapeau est devenu depuis quelques années sujet à controverses. La Corée, nation moderne, ne peut plus admettre un héritage "trop chinois" pour son étendard (en plus une symbolique divinatoire qui ne correspond à rien en Corée).
On assiste donc à ce jour à une remise en cause sur plusieurs points. Tout d'abord sur le Tai Chi, mais il apparait maintenant que la première trace de l'utilisation du symbole Yin et Yang a été découverte en Corée (ouf !! sur ce sujet, l'honneur est sauf) sur un socle en pierre d'une pagode bouddhiste du temple Gameun (Silla, VIième). De même si vous rencontrez des coréens ils ne vous parleront pas de Yin et Yang mais de Eum-Yang (c'est la traduction locale).
Il est facile pour une nation de changer de drapeau mais du fait de son histoire, Taeguki est le symbole par excellence de l'identité coréenne donc personne ne songe réellement à y renoncer. Pourtant certains parlent d'un nouveau drapeau lors de la réunification : ça si ce n'est pas du symbole fort ...
 
Chauve-souris, Dragon, Drapeau coréen, Tigre
 

Tigre

Bien qu'il soit ridiculé dans quelques contes coréens ("Tigre et Kaki" étant le plus connu), le tigre reste le symbole du pouvoir (en Corée) mais surtout le symbole de la puissance et de la férocité.

Les soldats chinois s'habillaient avec un costume jaune à rayures lorsqu'ils partaient au combat.Le tigre était donc le symbole de l'autorité militaire et ainsi représenté sur les armes, les uniformes (officier de 4ième rang) mais aussi sur les banières des armées en marche (tigre blanc à l'ouest et donc correspond à l'automne, tigre noir au nord).

Les "cinq tigres", les gardiens des quatre points cardinaux et du centre, était le nom attribué à de valeureux soldats. Les zébrures de son pelage dessinent sur son front le caractère "wang" (roi) et le désignent comme le roi des animaux à fourrure des montagnes. Il est la monture de divinités, chasseurs de démons ou d'Immortels et vénéré même dans les tripots où il était l'une des montures du Dieu de la richesse avec des vases remplis de pièces d'or. Pour attirer la chance, on collait même son effigie sous les tables de jeux.

Le tigre est aussi très apprécié car il fait fuir les démons. Il est souvent représenté sur des estampes populaires en train d'écraser les cinq venimeux. On en faisait aussi des guirlandes de tissu découpé qui était accrochées dans le dos des enfants. Pour certaines fêtes, les enfants revêtaient des bonnets en forme de tête de tigre, des costumes à larges rayures et même des pantoufle à son image.

Les amulettes faites de peau, de griffes, de poils ou de dents de tigre étaient portées pour lutter contre les peurs, les maladies ou le feu.

La pharmacopée chinoise fait encore usage des os de tigre pilés en poudre et de sa graisse pour certains onguent.
 
Chauve-souris, Dragon, Drapeau coréen, Tigre