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Elle, Journal "Médias", Le Pen

 

Novembre 2002

Le magazine ELLE n'en était pas à son galop d'essai. Une fois déjà, j'avais été piégé. A cette époque, la news du journal annonçait un lieu "hyper-branché" dans le quartier de l'Opéra fréquenté que par des people. Rendu là pour manger un morceau, quelle fut ma surprise en découvrant que le lieu était encore en travaux et n'était pas près d'ouvrir. A partir de ce jour, je me suis toujours méfié des nouveautés ou endroits branchés présentés dans les magazines feminins.

Dans le ELLE du 11 novembre 2002, la journaliste vedette du moment, Alix Girod de l'Ain, se fait une critique "humoristique" du Francoscopie de Mermet. Alignant les lieux communs, Alix Girod de l'Ain s'excite car les français ont semble-t-il plus confiance dans leur garagiste que dans un journaliste. De Girod vexée se drape dans sa déontologie et critique l'étude, je cite "je prends comme une loufoquerie ce classement ...". en clair, nous les journalistes nous sommes des gens honnêtes travaillant pour le bien de la cité, et c'est une honte de remettre en cause notre intégrité. Vous pouvez nous faire confiance !

Dans le même numéro, page 18, ELLEINFOHEBDO, par l'intermédiaire de Valéry Rose Pfeifer, nous annonce la sortie d'un bonbon, qui fait fureur au Japon. Une adresse est donnée sur Paris pour le trouver, surement un endroit que je suppose très tendance. Ce bonbon est tellement hype au Japon que Valéry Rose Pfeifer se permet un jeu de mot "Une manière simple de rendre le quotidien plein de soleil ... levant". L'article s'accompagne d'une photo. C'est un désastre.

Explication de texte de la photo : LOTTE est une marque coréenne. D'ailleurs sur la photo choisie par ELLE, l'ensemble des indications sur la boite sont en coréen. LOTTE est très fort en marketing. Ils ont fait un carton en Corée avec la gomme à mâcher Xylitol à base d'un produit, selon les dires de la publicité, qui expliqueraient la longévité des scandinaves.

Dans le cas qui nous intéresse c'est un complément alimentaire en vitamine C. Le produit s'appelle C-Box (sibakse en coréen) et en lisant nous apprenons que chaque pastille correspond à l'équivalent de 11 citrons. ELLE avait raison pour le côté Vitamine C, par contre pour le côté hyper tendance au Japon, il faudra revoir sa copie. Pour finir d'enfoncer le clou, le magasin indiqué, ACE Mart, est une épicerie coréenne se trouvant rue Sainte Anne. En effet, de nombreux japonais y font leurs courses car c'est moins cher (et certains arrivent à manger du Kimchi) mais surtout n'y aller pas pour acheter des produits japonais vous allez être déçu. Les coréens en alimentaire font plutôt dans le piment ... Si vous êtes tenté par l'achat : la boîte est super design mais les bonbons pas très bon.

Que des journalistes racontent ce que souhaitent entendre la mèmère du Lot et Garonne (P12 du même numéro sur la branchitude du Lot et Garonne) afin de vendre un titre, ne me dérange pas trop, mais qu'ils ne viennent pas nous faire la morale ; c'est indécent. Merci Alix Girod de l'Ain et Valéry Rose Pfeifer pour cette brillante démonstration et que Gérard Mermet puisse continuer son travail avec sérieux sans être sujet à vos quolibets.

 

Mai 2002

Pauvre Le Pen. Tel pourrait être la conclusion de la dernière campagne électorale. Sa présence au second tour nous a permis d'admirer encore cette machine à fabriquer du méchant pour mieux le détruire. Diaboliser l'adversaire est le meilleur moyen de le réduire à néant. Dans son analyse des procédés d'intoxication en se basant sur le travail d'Hayakawa, Lussato décrit des actions sur les processus d'évaluation, qui pour lui, sont essentielles dans un processus d'intoxication. Une des premières action est de jouer sur l'espace sémantique afin d'obtenir une bipolarisation des échelles d'évaluation et par conséquent des jugements. Cette bipolarisation entraînera la vision d'un monde en noir et blanc, le bien contre le mal et, à partir de là, tout ce qui se rapporte à l'adversaire et tout ce qui lui est favorable est habillé d'une valeur négative. A tel point que tout devient sujet à évaluation et, nous signale Lussato, si l'adversaire cherche à contester ce mode on l'accusera de pratiquer lui-même une bipolarisation de ses échelles et de tomber dans une opposition "primaire". Cette déferlante contre une personne est sans nul précédent et toucha souvent l'irrationnel. Alors que Le Pen est porteur d'un programme qui semble viable pour 20% des électeurs, Edgar Roskis pointa le journal de 20 heures de France 2 le 28 avril :

1 : Journée Mondiale de la déportation "Les cérémonies ont pris une couleur plus particulière comme si le devoir de mémoire devenait impérieux"
1 mn 55
2 : Licra Manifestation de la Licra au Panthéon contre l'extrême droite.
20 s
3 : Après Dreux Chirac est en Dordogne "pour défendre la politique commune décriée par Jean-Marie Le Pen"
1 mn 45
4 : Des artistes au Zénith Mobilisés au Zénith des artistes "mettent leur notoriété au service de la République ... et appellent à voter Chirac"
1 mn 45
5 : Le programme Examen du "thème de la culture dans le programme du FN"
2 mn 30
6 : Interview Interview de Bruno Gollnish, directeur de campagne de Le Pen
40 s
7 : Analyse du vote Le Pen  
1 mn 30
8 : Manifestation "La mobilisation devrait se renforcer" avec la fin des vacances
2 mn
9 : Interview Interview de Jack Lang qui se déclare "fier de notre jeunesse et de l'école de la République"
4 mn 20
10 : Foot Sabordage du club de Dirac en réaction au vote des habitants au premier tour
1 mn 45
11 : Media étrangers "Mobilisation" des media étrangers sur la montée du FN
1 mn 50
C'étaient les 11 premiers sujets du journal : 20 minutes et 40 secondes pour un journal de 35 minutes. Si ce n'est pas de la propagande, il faut m'expliquer car j'ai dû rater quelque chose ...

Au final, au cours de ces 15 jours, le traitement du cas Le Pen dans les media et par la suite la résonnance dans la société civile fait apparaître ce troublion politique dans le cimetière des vérités perdues : Maastricht (pour la France), Kosovo, 11/09, Irak (pour l'international)...

Quelle que soit l'idéologie du candidat, ce que les media et la société civile lui ont réservé remettent en cause la nature même de la Démocratie. L'expression de 20% de la population n'est pas possible car contraire à une certaine éthique ou morale de 80%. Mais quand 60% de la population souhaitera que ce type de candidat les représente que fera-t-on ? On annulera peut être les élections comme l'avait fait l'Algérie lors de la victoire du FIS aux municipales. Le thème du "sursaut républicain" de mai 2002 est un camouflet terrible pour la Démocratie Française qui au fond n'en est pas une.

Avril 2002

Un nouveau titre crétinoïde est sorti dans nos kiosques : Medias. Armé d'un service marketing performant et d'une agence de presse efficace, nous avons pu tous voir quelques news dans nos media préférés annonçant la naissance d'un nouveau qui allait décrypter l'info, dénoncer les supercheries et nous aider à nous retrouver dans cet océan d'information, voire peut être même nous éduquer à décoder des messages (tout pour plaire à Philippe Breton). Au final, le n°1 nous sert un best of type "Culture Pub" nous racontant le métier, au combien difficile, des journalistes à qui l'on ne l'a fait pas. Le journal qui devait décrypter l'info est devenu un vulgaire magazine sensé informer sur l'information.

Le forum du journal (www.medias-magazine.com) est de la même veine ; Bravo et Félicitations en sont le fond de commerce mis à part deux ou trois avis contraire qui rejoignent mon sentiment mais à qui on répond "Nous sommes en démocratie, alors ton avis vaut le leur". Le débat risque d'avancer ...

Voué à une mort certaine dès le troisième numéro, ce journal s'adresse principalement au redoublant de la première année du DEUG de Communication de Paris VIII (je vous rassure, je ne sais même pas s'il existe).